L’association «Collectif citoyen du Grand Rodez », créée voilà plus d’un an, fidèle à l’engagement qu’elle a pris de contribuer à faire vivre la démocratie participative, a rencontré depuis le mois de mars 2015 les habitants, les professionnels et associations du quartier Faubourg St Eloi.
Tous reconnaissent certaines fragilités sur le quartier St Eloi Ramadier liées à la question de l’emploi, à la précarité financière, à la présence de nombreuses familles monoparentales, à la cohabitation de 25 nationalités aux cultures très différentes, à la fréquence des difficultés éducatives et des comportements incivils voire de petite délinquance. Malgré cela la majorité des habitants disent leur attachement à leur quartier dans lequel ils trouvent une qualité de vie satisfaisante et l’existence de réseaux d’entraide. Pour eux, l’équilibre de la vie du quartier est le résultat de l’engagement conjugué au quotidien, des professionnels, des services publics, des associations et de l’esprit d’initiative d’habitants. L’association Delta organise une animation pratiquement tous les mois. Les professionnels ont su se coordonner pour être plus efficaces dans une structure innovante, l’AVSQ. Ce sont eux, l’école, le centre social CAF, les services sociaux du Conseil Départemental, les animateurs jeunesse de la ville, la régie de territoire et l’office HLM qui accompagnent individuellement des habitants et des familles et impulsent des actions collectives (parentalité, énergie, incivilités .. .) pour faciliter le vivre ensemble. Ces actions concertées sont conduites au plus prés des réalités du quartier permettant un travail de médiation au service de la cohésion sociale.
Pourtant bien des choses restent à améliorer : finir la rénovation des HLM, sécuriser l’espace public pour les enfants (école, centre social, accès au boulevard), créer une crèche-halte garderie, des espaces de jeux adaptés à tous les âges et au grand nombre d’enfants présents dans le quartier. L’accueil de loisirs pour les 5/11 ans plébiscité par les familles nécessiterait cependant un temps d’ouverture pendant la totalité des vacances scolaires. Les adolescents et les jeunes adultes nombreux sont plus rétifs à participer aux actions initiées par les institutions. Ils ont besoin d’une présence de professionnels qualifiés, dédiés spécifiquement au quartier afin d’être reconnus et investis par les jeunes. Il est en effet nécessaire de rendre les jeunes acteurs, pour mettre en œuvre des projets facilitant leur intégration sociale.
Il y a quelques jours, nous apprenions le non renouvellement de la convention existant depuis 26 ans entre la ville de Rodez, la CAF et le Conseil Départemental pour la gestion et la conduite des actions des centres sociaux de St Eloi et Gourgan ! Notre étonnement et inquiétude sont grands d’autant que ces deux quartiers ont été identifiés par Rodez-Agglomération dans le cadre de la politique de la ville comme « quartiers en décrochage ou en veille ». La CAF, institution dont l’expertise et la notoriété en matière d’action sociale sont reconnues notamment par l’État, qui lui confie une mission de service public auprès des familles, a pris la décision de ne pas renouveler cette convention. Ceci se produit après une négociation de plusieurs mois avec la municipalité et la proposition d’ un contrat de projet élaboré par la CAF avec les professionnels concernés. Pour qu’une institution aussi investie au service des familles, prenne une décision d’une telle gravité, il a nécessairement fallu des raisons réelles et sérieuses pour aller jusqu’à rompre sa collaboration avec la municipalité de Rodez. Pour les habitants de ces deux quartiers, cette décision aura donc pour conséquences d’une part, de voir disparaître les centres sociaux et services proposés aux familles comme la halte garderie de Gourgan, l’Accueil de loisirs de St Eloi …..et d’autre part, ne plus bénéficier de la présence de proximité des services sociaux du conseil départemental si essentiels à la cohésion sociale.
A la lumière de toutes de nos rencontres dans le quartier St Eloi –Ramadier, nous pouvons affirmer qu’il est indispensable de maintenir les institutions d’action sociale au plus près des habitants. Nous attirons l’attention sur la responsabilité de la municipalité qui, dans le cadre de sa compétence générale, doit tout mettre en œuvre, en collaboration avec les autres institutions, pour répondre aux besoins des populations. Une décision qui impacte autant la vie des quartiers aurait mérité que la municipalité, bien en amont, prenne l’initiative d’une consultation des habitants.
Dans ces quartiers, où les gens se considèrent comme les « oubliés de la ville », la suppression des centres sociaux sous leur forme actuelle ne peut qu’accentuer ce sentiment. Il s’agit d’une grave erreur aux conséquences majeures qui manifeste une profonde méconnaissance de ce qui se vit dans les quartiers.
Pour le Collectif, le Président : Jean Marie Maurel