Le 8 novembre dernier, le Conseil de la Communauté d’Agglomération du Grand Rodez votait la rupture anticipée de la délégation de service public confiée à la Société d’Economie Mixte du Grand Rodez (SEM) pour la gestion du domaine et du centre équestre de Combelles et validait son souhait de voir confier au secteur privé la gestion de cet équipement.
En tant qu’élu de Rodez Citoyen, je me suis opposé à cette délibération.
En voilà les principales raisons :
Le renoncement du Conseil d’agglomération à un équipement favorisant la mixité sociale
Grâce au soutien financier de la collectivité depuis quasi trente ans, l’équitation est passée du statut d’une activité sportive bénéficiant à quelques privilégiés au statut d’une activité accessible à tous. Si les élus de l’agglomération avaient observé d’un peu plus près qui sont aujourd’hui les usagers de cette activité, ils se seraient rendus compte que les 450 personnes sont issues de catégories sociales très diverses. Ils auraient constaté que les propriétaires qui mettent leurs chevaux en pension au centre équestre sont avant tout des personnes qui font le choix d’investir dans leur passion et n’ont rien à voir avec une catégorie de soi disant privilégiés. Ils auraient également vu que cet équipement bénéficiait aux établissements scolaires.
En décidant de privatiser entièrement la gestion du centre équestre et de ne plus le soutenir financièrement, il est certain, quoiqu’en disent Mr Teyssèdre et les élus qui le soutiennent, que le prochain gestionnaire privé ne pourra maintenir les conditions tarifaires actuelles. Aussi, cela restreindra l’accessibilité à la pratique de l’activité équestre pour des personnes aux revenus moyens et peu élevés.
Le renoncement du Conseil d’agglomération à un équipement public de territoire
Pour argumenter sa décision, le président de l’agglomération a justifié que la collectivité n’était pas compétente en la matière et qu’elle ne disposait pas de professionnels qualifiés dans la gestion de ce type de structure. Comme à son habitude, en affirmant cela, Mr Teyssedre ne fait peu de cas du personnel agissant pour le bénéfice de la collectivité. La SEM emploie aujourd’hui 11 salariés pour gérer le centre équestre et l’ensemble des espaces verts qui y sont rattachés. C’est une équipe de professionnels pluridisciplinaires (professeurs d’équitation, palefreniers, agent d’entretien d’espaces verts, personnels administratifs) qui quotidiennement, et depuis de longues années, fait fonctionner le domaine de Combelles et permet aux grands ruthénois de bénéficier, à proximité, d’une offre d’activités de très grande qualité. C’est par leur investissement et leur professionnalisme aussi, que le domaine de Combelles a acquis en trente ans une notoriété et est devenue une référence nationale voire internationale, avec notamment des concours hippiques de grande renommée.
Il faut savoir qu’en changeant de délégataire, c’est la société privée qui aura à sa charge l’ensemble des coûts de fonctionnement et d’investissement. Le ticket d’entrée risque d’être très cher pour celle qui, éventuellement, se portera candidate. En 2009, l’agglo avait fait réaliser une étude qui avait mis en exergue la nécessité d’engager un programme d’investissement de modernisation et rénovation du site. Cette recommandation n’a pas été suivie par la communauté d’agglomération. Bien au contraire, elle a, ces dernières années, réalisé des économies drastiques en diminuant significativement la subvention allouée à la SEM (-70% entre 2008 et 2016) et en réduisant les effectifs de 30%. En faisant ce choix, on comprend mieux aujourd’hui pourquoi le site de Combelles (parc et équipement) progressivement se dégrade.
En plus des investissements à réaliser, le nouveau délégataire devra aussi reprendre l’ensemble des 11 salariés employés par la SEM et assurer l’entretien de la centaine d’hectares qui composent le domaine.
Dans ces conditions, comment croire que le futur repreneur puisse poursuivre cette mission de délégation de service public en respectant le cahier des charges que la Communauté d’agglomération feint de lui imposer (maintien d’une tarification « sociale », reprise du personnel, remise en état des lieux, investissements, etc).
Vers la fin annoncée d’un espace naturel utilisé par des milliers de grands ruthénois ?
Au-delà de l’activité équestre, le site de Combelles est également un espace naturel de 120 hectares, à proximité de la zone urbaine de Rodez, que les Grands Ruthénois se sont appropriés. Tout au long de l’année, il est fréquenté par des milliers de Grands Ruthénois pour des balades en familles, des pique-niques du dimanche, des aires de jeux pour enfants, des kilomètres de circuits VTT, des kilomètres de sentiers pédestres avec des parcours d’orientation et de découverte. A cela s’ajoutent des manifestations festives organisées par des associations, des concours hippiques, etc. Il est plébiscité pour son calme, son espace et son cadre sécurisant notamment pour les enfants.
Ces derniers mois, si vous êtes allés vous promener, vous aurez surement constaté que l’entretien du domaine n’était plus ce qu’il était, faute de personnel suffisant pour s’en occuper. Vous aurez aussi pu relever que la partie du parc dédié au « Village Vacances » semble laissée à l’abandon. Pour information, la Communauté d’Agglomération, comme pour le domaine et le centre équestre de Combelles, a décidé voilà quelques mois de ne pas renouveler sa collaboration avec l’ancien délégataire et de le confier à une nouvelle société privée appelée REVEA. Serait-ce une des raisons qui expliquerait le sentiment d’abandon du site, que les promeneurs peuvent constater au gré de leurs balades ? En tout état de cause, la dégradation et le non entretien de cette partie du parc de Combelles sont un fait indiscutable. En sera t-il autant dans les mois à venir pour le centre équestre et le parc public ?
Il est clair que cette rupture anticipée de délégation de service public ressemble plus à une recherche d’économie de fonctionnement.
C’est un choix politique assumé qui se détourne malheureusement du quotidien des Grands Ruthénois. La politique communautaire semble définitivement et exclusivement tournée vers l’accroissement de l’épargne de la collectivité afin de financer, par exemple, les 15 millions d’euros du futur parc des expositions à Malan, ou encore, la venue du Tour de France.
Matthieu Lebrun
Conseiller d’Agglomération