A la rencontre du quartier de Saint-Eloi

Nous publions, avec un grand retard, le bilan de ces rencontres datant de septembre 2015.
Depuis, ce quartier connaît de nombreuses mutations. Il serait donc opportun d’en actualiser “la photographie”. Nous invitons, par conséquent, les habitants de Saint-Eloi à s’exprimer à la suite de cet article sur les changements réalisés ou à venir.

Notre démarche, nos engagements

Quand l’association « Collectif citoyen du Grand Rodez » a décidé de présenter une liste aux élections municipales elle a pris des engagements :

  • Être à l’écoute des habitants  pour favoriser leur prise de responsabilité dans les projets qui les concernent en allant à leur rencontre dans leur quartier ;
  • Partager avec les habitants et les acteurs du quartier (services, associations, commerçants..) des informations pour s’approprier des connaissances.    
  • Permettre aux élus de la liste « Rodez Citoyen » de tenir des positions au Conseil Municipal et à la Communauté d’Agglomération qui prennent en compte le vécu, les analyses et les propositions des habitants ;
  • Permettre au Collectif citoyen de mener des actions, prendre des positions publiques si nécessaire pour soutenir et faire avancer des projets portés par les habitants .

Les rencontres : Au printemps, autour de la caravane, une dizaine de  membres du  Collectif ont réalisé  des interviews des habitants, commerçants, associations et professionnels engagés sur le quartier. Nous avons reçu un accueil très positif . Tous ont exprimé leur intérêt pour notre démarche d’aller vers eux et de les écouter. Nous avons perçu un grand besoin de reconnaissance.     

Qu’avons nous retenu  de ces rencontres ?

Le soin apporté au maintien de la vie sociale

Le quartier est composé de deux entités principales : St Eloi et Ramadier qui se différencient par le type de population et l’habitat. Il n’y a pas vraiment de centre, c’est l’école et le centre social qui font le lien
Les réseaux d’entraide sont actifs pour les résidents qui sont là depuis de nombreuses années, il y a plus de difficulté pour les nouveaux arrivants dont certains se vivent « en transit .
La présence d’ un certain nombre de femmes seules avec enfants, la recherche d’emploi, une certaine  précarité financière, la cohabitation de personnes avec des cultures très différentes constituent des fragilités. Caractérisé par le multiculturalisme, il y a quelques années il était principalement habité par des personnes venant de France et des pays du Maghreb. Aujourd’hui il y a plus de 25 nationalités différentes (France, Maghreb, Afrique Noire, Pays de l’Est….) 
Bien que l’intégration ne paraisse pas compromise, le maintien du lien social nécessite une vigilance constante et la présence dans le quartier de professionnels, de services, d’associations qui agissent ensemble L’AVSQ (Animation Vie Sociale de Quartier) est un  groupe opérationnel où participent : CAF (Centre social) Mairie (espace jeunes) Conseil Départemental (services sociaux) Office HLM, Ecole, Régie de territoire, Rodez Agglo. Il  organise des campagnes à thème à partir des besoins de la population, des « cafés parents » pour le soutien éducatif …

Sont des acteurs incontournables de la vie sociale du quartier :

Le Centre Social CAF : présent depuis 1989, il organise des activités d’animation et de socialisation en soutien à la parentalité (accueil de loisirs des enfants, groupes d’économie sociale et familiale, accompagnement scolaire, apprentissage du français, sorties ou activités familles)
L’association Delta : c’est, en collaboration avec le centre social et le service jeunesse de la mairie, la cheville ouvrière de l’animation du quartier (manifestations festives chaque mois)
Le service départemental d’incendie et de secours : bien intégré dans le quartier, il participe aux animations, à la prévention et à l’éducation des enfants.

Habitants et professionnels proposent :
*Maintien et développement des activités du centre social : animations et activités de socialisation sont fondamentales pour avoir un minimum de cohésion sociale et d’intégration. Développer le travail de concertation dans l’AVSQ. Soutenir les associations et services en charge de l’animation.
Garder les équipements de proximité : le terrain de boules, le terrain de foot, l’esplanade et les espaces verts « oxygéne du quartier »

Des réponses contrastées aux besoins des enfants et des familles

Pas de multi accueil :  Besoin fréquemment exprimé par les parents d’une garderie pour leur permettre  d’avoir des activités professionnelles, de faire leurs démarches administratives, de passer le permis de conduire… Dans ce contexte, l’école assume au maximum l’accueil des enfants de 2 ans. C’est une charge supplémentaire pour elle : ces accueils, non prévus dans les effectifs officiels, ne donnent pas droit à davantage de postes.
L’école :lieu d’apprentissage, mais aussi d’intégration et de socialisation, elle joue un rôle très important dans la vie du quartier. Vu le contexte social et culturel, il faut des relations très individualisées avec chaque enfant et chaque parent aussi bien pour les enseignants que pour les ATSEM et les personnels de cantine.
La classe Cham est plébiscitée : pour faire de la musique ensemble, les enfants doivent apprendre à s’écouter C’est une discipline qui permet d’améliorer les résultats en classe et qui apprend à vivre ensemble.
Les parents d’élèves : insistent sur la nécessité de maintenir autour de leurs enfants du personnel stable et bien formé pour éviter les débordements.
Le Centre de loisirs CAF : Il accueille des enfants du quartier de 6 à 12 ans. Il est plébiscité par les habitants qui regrettent cependant qu’il n’y ait pas plus de places et plus de temps d’ouverture.
Fidéliser la fréquentation suppose de la part des professionnels une bonne implantation dans le quartier, un important travail de réseau, un suivi de proximité, des aides spécifiques.
Les espaces de jeux : des jeux d’extérieur pour les petits très fréquentés, mais les parents regrettent la pauvreté des équipements, le manque de sécurisation et l’absence de jeux pour les plus grands.
L’accès du toit du centre social est facile et sans protection. Les enfants y montent régulièrement et peuvent se mettre en danger. Il faut aussi sécuriser le terrain le long du boulevard.

Habitants et professionnels proposent :
*Veiller aux conditions de sécurité des enfants : le toit du Centre social, les jeux, les cours de l’école, le terrain le long du boulevard et le carrefour… *Restaurer et développer les équipements de jeux, particulièrement à Ramadier.
*Veiller à la formation et à la stabilité du personnel autour des enfants

Une jeunesse à accompagner

Les jeunes sont nombreux sur Saint Eloi.
Pour certains jeunes adultes, l’équilibre est fragile notamment en raison des problèmes d’emploi. Un petit nombre a recours à des pratiques illicites (alcool, drogue, trafic). Malgré les sanctions par les services de justice, il y a encore des récidives.
Certains jeunes se réclament de la religion musulmane pour affirmer leur différence, besoin qui les conduit à rejeter les modèles tant parentaux qu’institutionnels, et peut les rendre perméables au prosélytisme..Le dialogue dans certaines familles est devenu plus difficile.
Afin que ce phénomène ne se répercute pas sur les plus jeunes, des actions de prévention sont à développer.
L’animation de loisirs est assurée par 2 animateurs jeunesse de la mairie et l’association Delta, avec le soutien de l’agent de développement social des quartiers de la CAF pour les jeunes adultes.
Elle fonctionne bien pour les 12/14 ans, notamment pour les garçons (les filles ne trouvent pas toujours leur place auprès d’eux) Mais les jeunes de 14/17ans sont plus difficilement accessibles.
Les activités pour les 18/25 ans ont dû être suspendues par Delta car il y avait trop de tensions et des vols malgré une bonne collaboration avec la police, les pompiers et la mosquée pour le travail de prévention.
Au vu des besoins, parents et professionnels expriment la nécessité d’aller au-delà de l’animation culturelle et de proposer un travail éducatif plus approfondi.

Propositions des habitants et des professionnels :
*Soutenir des initiatives d’insertion professionnelle *Augmenter la présence des adultes auprès des jeunes *Développer des actions éducatives de prévention, et le soutien scolaire des collégiens

Des problèmes de vie quotidienne

Logement : si les habitants des PLR semblent plutôt satisfaits, à Ramadier de nombreuses personnes soulèvent le problème de l’isolation phonique entre les appartements, la nécessité de travaux d’entretien et de rénovation (fenêtres, portes, électricité, fissures, ascenseur).
Les loyers sont reconnus peu chers, de ce fait des personnes handicapées et des personnes âgées restent dans ces logements malgré les difficultés pour elles de sortir (étages, ascenseurs parfois en panne).
Mais très peu souhaiteraient changer : « ici, c’est chez nous ; c’est comme une île “.
Incivilités : dans les immeubles, des détritus et des excréments d’animaux dans les escaliers et les ascenseurs, des  poubelles laissées dans les entrées, des papiers et mégots dans les escaliers, des feux de poubelles, de la musique tard dans la nuit…  plusieurs personnes expriment leur besoin de plus de respect entre les habitants, et voudraient que les agents de l’office HLM soient plus présents.
Circulation :le quartier n’a pas d’unité car il est traversé par 3 grandes voies circulantes (Bd Paul Ramadier et Av de Bordeaux, la rocade) qui sont très fréquentées. La dangerosité liée à la circulation est signalée par toutes les personnes rencontrées d’autant plus qu’un certain nombre d’automobilistes ne respectent pas les limitations de vitesse, les passages piétons et parfois même les feux. Ceci renforce le sentiment d’isolement des habitants et l’insécurité par rapport aux déplacements notamment des enfants                                                                                                               Déplacements :le service de bus est largement plébiscité pour la facilité des déplacements et le prix. Certains horaires devraient être modifiés notamment pour les collégiens le matin et la fréquence augmentée à certaines heures, en raison de la surcharge. Comme de nombreuses personnes n’ont pas de voiture, il y a une demande de passage de bus pour se rendre à Vabre et à Layoule principalement le week-end.
Eloignement des commerces et des services : certains regrettent le manque de diversité, l’absence de DAB, de tabac/presse. Le manque de médecin est un problème surtout pour les personnes à mobilité réduite.Le Faubourg est surtout fréquenté pour les services (poste, banque, santé) peu pour le marché et Ia supérette. Les courses se font en grande  majorité à Lidl, au Grand Leclerc et à Géant Casino.

Impression générale

La majorité des habitants rencontrés exprime sa satisfaction d’habiter le quartier malgré les fragilités soulevées. La qualité de vie est plutôt satisfaisante, le quartier est considéré comme calme.
Il faut noter que des personnes ont connu des situations très précaires (guerres, réfugiés politiques ou économiques, pauvreté, quartiers difficiles de grande villes..) qui leur font apprécier leur nouveau cadre. « Ici au moins j’ai un toit ».
D’autres, notamment les plus anciens, ont le sentiment que leur quartier est « le parent pauvre de la ville » : exemples l’absence de réponse pour l’espace jeux à sécuriser, l’absence de décorations pour Noël, la disparition d’équipements et services : médecin, cabinet dentaire qui va fermer, la piscine, le projet de déplacement du boulodrome…
Une écrasante majorité des personnes rencontrées ne connait pas les projets de la mairie pour l’aménagement de la ville. Ici, le bouche à oreille fonctionne mieux que l’écrit. Ils regrettent que les élus ne viennent pas en personne leur en parler et les Nous avons découvert dans ce quartier des trésors d’énergie et de solidarité ; les professionnels peuvent s’appuyer sur des « familles ressource », des « grands frères » qui se préoccupent de la vie sociale et maintiennent l’esprit de quartier ; c’est ce qui permet de faire face à des situations parfois explosives ; c’est ce qui fait que, malgré les difficultés, il fait bon vivre à St Eloi. Il faut que les élus entendent que la solidité de ce réseau se constitue dans la confiance et dans la durée.
Cela nécessite la stabilité des personnels engagés et leur soutien, mais aussi des habitants concernés.

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