Restitution du Grand Débat du 5 février 2019 sur le sujet : « Comment faire vivre la démocratie participative ?
Quelle implication citoyenne ? »
Merci aux cinquante personnes qui ont participé au Grand débat organisé par le Collectif Citoyen du Grand Rodez.
Vous trouverez ci-après un compte rendu dans un style «télégraphique » des diverses interventions qui ont aussi porté sur la démocratie représentative, celle qui est pratiquée au quotidien. Pardon si nous avons mal retransmis vos idées. Vous pouvez affiner en laissant un commentaire.
Que vous ayez participé à cette soirée ou non, nous vous encourageons à faire des commentaires pour continuer le débat qui, en une soirée, n’a pu être qu’ébauché.
Compte rendu débat : démocratie et citoyenneté le mardi 5 février 2019
– Accueil par le collectif citoyen du grand Rodez
– Présentation du déroulé de la soirée
– Présentation et petit historique de la démocratie directe par le collectif Athénée Emile Pouget.
– Extrait d’un film sur l’expérience de démocratie participative exercée par la municipalité de Saillans dans la Drôme.
Débat :
– Le film sur Saillans date de plus de 2 ans, ne se sont-ils pas usés ?
– Oui la démocratie participative demande beaucoup de temps et d’implication. Peut-être certains se sont usés mais ils continuent tout de même. Certains même font des interventions dans des villes pour parler de leur expérience.
– Question sur la différence entre démocratie directe et démocratie participative : la démocratie directe se passe d’élus,
la démocratie participative garde les élus mais implique les citoyens.
– Retour sur le fonctionnement du conseil municipal de Saillans.
– Remarques sur les problèmes de non représentativité des élus, et du problème des lobbies dans la démocratie actuelle.
– Peut-être les citoyens ne s’investissent ils pas assez, ne prennent pas à bras le corps leur rôle de citoyen ?
– Problème de la politique de carrière, des élus corrompus par les lobbies notamment financiers. La corruption s’installe aussi avec les années de cumul du même mandat. Heureusement, existent des associations telles Anti-cor et autre ONG. La rétribution des élus entraîne le carriérisme.
–Statut de l’élu toujours pas résolu : les élus devraient être des salariés des citoyens. A partir de là, il faut avoir les moyens pour que leurs dépenses soient contrôlées et justifiées et pour savoir ce qu’ils font . Ils ne sont pas « tous pourris » mais il y a eu trop de déviances. Une solution par rapport à cela : le non cumul des mandats dans le temps et de plusieurs mandats en même temps.
– Assemblée nationale pas à l’image de la société : peu de représentativité des différents métiers à l’assemblée nationale par exemple. Pourquoi pas retour des parlementaires dans l’ entreprise où ils travaillaient avant d’être élus tous les 6 mois quelques jours ?
Idée de jours de disponibilité pour que des citoyens puissent régulièrement s’investir et se former en politique ?
– Problème de la grande inégalité entre les citoyens et les représentants politiques à la retraite. Les citoyens peuvent travailler pour avoir des compléments à condition qu’il ne dépasse pas certains seuils alors que les représentants de l’état et de ses organismes consultatifs peuvent travailler sans limite et cumuler toutes sortes de revenus et de retraites.
– Nature du mandat représentatif : sont censés représenter ceux qui les ont élus : comment surveiller ça ? Comment faire pour que ce ne soit pas un chèque en blanc pour un certain nombre
d’années ? Surtout que les gens changent, peuvent voter un jour pour quelque chose et changer d’idée … Exemple avec le Brexit. Comment envisager le rôle des élus pour respecter la volonté du peuple ?
– Dans de nombreux pays il y a un « check and balance » : bonne chose pour restaurer la confiance entre citoyens et politiques. Par exemple en Angleterre tout est transparent, vérifiable. Autre exemple dans les pays nordiques les élus paient tout. Leurs loyers, leurs voitures, leurs déplacements… Ils ont une vie identique à tout citoyen . En France, les élus sont trop coupés de la réalité. Dans les pays anglo-saxons, on vérifie et on équilibre les pouvoirs. Pas de chèque en blanc.
– Problème également du très faible pourcentage lors d’élections : quand on regarde de près, certains ne sont élus parfois qu’avec 10% des inscrits et généralement avec moins de 50 % des votants : c’est une grande dérive de notre démocratie. Avec la démocratie participative les citoyens peuvent contrôler les élus. Cela réduit donc le problème du chèque en blanc de la démocratie représentative. Les citoyens doivent avoir le contrôle sur les élus.
– Discussion autour du mandat impératif ou non du député. Un député devrait voter au nom de ses électeurs alors qu’il vote comme son groupe.
– La création d’un statut de l’élu n’est pas suffisant, il faut changer la constitution. On peut imaginer des possibilités «d’empêchements» et de contrôle à mi mandat. Dans certains pays, il y a un examen de passage à mi-mandat. Cela existe, c’est possible. Chez nous ce n’est pas possible. Sinon comment faire revenir les citoyens vers les urnes ?
-Comment accepter que des choses si importantes soient votées avec si peu de députés présents ? Les députés se débarrassent ainsi de leur responsabilité. Ils devraient être astreints à une présence pour le vote. Ou il faudrait instaurer un quota au dessous duquel la loi ne pourrait être votée.
– La démocratie est plus facile à l’échelle locale. L’attrait de la démocratie directe c’est l’échelle locale. Donc peut-être pour remotiver les gens à voter les impliquer déjà dans leur quartier avec des comités réellement souverains ? Un pouvoir local ? Un rôle local ? Réinvestir l’espace public ?
– Témoignage d’un monsieur qui est allé rencontrer la municipalité de Saillans. Seule commune à n’avoir jamais reconduit un maire sortant depuis la libération. Ils n’ont pas fait une campagne participative : ça a été mis en marche pour lutter contre une implantation de supermarché et à l’arrivée, ils se sont présentés et ont été élus. Le conseil municipal fonctionne comme tous les conseils municipaux de France dans la phase finale des délibérations car c’est encadré mais, en revanche, tout a été élaboré et discuté en amont avec les citoyens intéressés.
– Le désintérêt des citoyens pour la politique ne vient-il pas aussi du fait que lorsqu’il y a un vote municipal par exemple des citoyens votent pour la majorité mais quid des citoyens qui auront voté pour l’opposition… ? Et cette opposition perd absolument tout droit à la parole dès le lendemain des élections. Par exemple, dans le journal de la ville : l’opposition ne peut s’y exprimer librement (nombres de signes très limités pas facile pour exprimer des opinions). S’ils pouvaient continuer à s’exprimer ça obligerait toutes les oppositions à continuer à travailler. Et chaque citoyen serait encore représenté. Il y a aussi le manque de moyens matériels et financiers de l’opposition qui n’est pas normal .
– Pour qu’une démocratie vive, elle doit s’inscrire dans un périmètre de vie que chacun s’est approprié. La démocratie participative puise dans la démocratie directe pour donner plus de crédibilité à la démocratie représentative.
Comment redonner envie aux gens ? C’est une question de confiance : avoir confiance dans les citoyens qui ont élus leur représentant. Revenir régulièrement en face d’eux afin qu’ils jugent le travail fait. Leur faire confiance aussi dans leur vécu et dans leur expertise. Le problème c’est que cette confiance nécessite du temps (de travail commun) alors que nos politiques aujourd’hui sont dans la surenchère et l’immédiateté ; en plus, ils estiment que comme ils sont élus ils font ce qu’ils veulent. Ils pensent que les citoyens ne savent rien.
La démocratie participative est quelque chose qui s’accompagne pour permettre l’engagement des habitants. Le réflexe démocratie participative est à cheminer, à tenter et devrait être une priorité pour une gestion communale, locale.
– Exemple du conseil municipal de Rodez : tout est déjà bouclé, aucun débat n’est possible. Pourtant un élu d’opposition a autant de légitimité et devrait pouvoir travailler en amont des décisions. Il faudrait pouvoir débattre en amont.
Dans 80% certainement des conseils municipaux en France les oppositions sont exclues des débat d’avant conseil… Gros dysfonctionnement de la démocratie représentative.
– Constat d’un vrai ras le bol du système et de la corruption des élus et qu’il faut changer la Constitution. Constitution faite en 1958, par des élites qui veulent se protéger. Le peuple devrait exercer un vrai pouvoir.
– Je ne pense pas qu’il y ait corruption de façon habituelle mais des excès de pouvoir si, c’est également un gros problème. Le système est mauvais. Le pouvoir des maires est trop fort ( de tous les chefs d’exécutif). Une seule personne( l’être humain est faible face à trop de pouvoir) ne peut pas tout décider seule, il faut des garde fous, des contre pouvoirs qui permettraient d’éviter les excès de pouvoir…Le plus souvent, un maire décide seul, et de tout, divise les adjoints, a une cour qui le coupe des réalités. Si un groupe décide de travailler différemment, de façon collégiale entre autre, alors ça oblige tout le monde ; si on s’engage on peut changer les choses mais la loi ne le prévoit pas.
– Constat que la démocratie représentative est boudée. Dans l’actualité un mouvement se revendique de la démocratie : les gilets jaunes se posent des questions, boudent les élus mais mettent en place une espèce d’Agora. Le mouvement des gilets jaunes montre un vrai intérêt de la politique, un vrai intérêt de l’implication dans la politique.
-Exemple d’un élu en conseil d’Agglo. Il a reçu un dossier de 850 pages à bosser en 4 jours. Donc absolument impossible pour un élu d’opposition ( et de la majorité) de faire son travail : grande faille de notre système ! Il faut vraiment s’interroger sur ce qui poussent les citoyens à s’abstenir dans toutes les élections et de façon croissante, c’est un signe de maladie de la démocratie.
Autres questions sur post it :
– Mobilité et transition écologique ?
– Place du citoyen : droits et devoirs du citoyen ?
– Place de l’élu : droits et devoirs de l’élu ?
– Comités de quartier : pour quoi faire ? Quelle politique de la ville derrière cette notion ?
Fin du débat à 22h10.