Les parents de l’école Cardaillac sont légitimement en colère: ils se sentent stigmatisés car ils perdent un poste pour la seconde année consécutive, alors que cette année les effectifs de l’école sont stables. De plus, ils ne comprennent pas la brutalité de cette annonce car elle intervient 10 jours après la rentrée, obligeant un des enseignants à partir, perturbant l’organisation des classes et les repères des enfants. Avec une moyenne de plus de 23 enfants par classe en élémentaire, selon les niveaux, certaines classes de cette école deviennent surchargées. Après des années de sous équipement chronique en matière de restauration, salle de repos, accessibilité, équipement informatique… les travaux récents réalisés par la mairie leur permettaient d’espérer enfin un peu de confort. La déception est d’autant plus grande.
Face à leur contestation, la Directrice Académique des Services de l’Education Nationale (DASEN) affirme par courrier qu’elle ne revient pas sur sa décision car le taux d’encadrement à Cardaillac sera similaire à celui d’autres écoles de même taille dans le département. L’ajustement des postes entre écoles pour uniformiser l’encadrement sur le département (le nombre global de postes n’est pas modifié) est fixé par la commission consultative du CDEN, à laquelle participent des représentants des élus locaux, et qui s’est réunie une semaine après la rentrée. En Aveyron, la moyenne est d’environ 24 élèves par classe. Dans ce contexte, il serait surprenant que la municipalité n’ait pas été au courant avant l’été qu’un poste allait être supprimé dans une école de la ville. Il serait surprenant aussi que les autorités de tutelle (rectorat de Toulouse) acceptent de revenir sur une règle commune à tous. La lutte des parents de Cardaillac pour un meilleur encadrement soulève le problème du fléchage des moyens choisi par ce gouvernement, notamment l’assèchement du vivier de remplaçants, qui ne laisse aucune marge de manœuvre lors des ajustements effectués chaque rentrée dans les départements.
De la cohérence en politique
On en vient donc à se demander quel sens peut avoir le si médiatique soutien de notre maire aux parents de Cardaillac. Il écrit au ministre de l’Education Nationale et souhaite le rencontrer pour annuler la décision. Interpeller un ministre en septembre pour lui exprimer son désaccord, après avoir appelé à réélire son président en avril, est-ce bien cohérent ? Qui peut penser que ce ministre, qui a sous sa responsabilité 48 950 écoles et 334 200 professeurs des écoles, a vocation à rencontrer chaque maire insatisfait pour régler une situation particulière ? S’agit-il d’obtenir un passe droit ? Ce n’est pas la conception que nous avons de l’égalité républicaine. Ne fallait il pas trouver une solution régionale, en s’adressant par exemple à l’échelon administratif supérieur, c’est à dire au recteur de Toulouse ?
M. le maire assure aux parents que s’ils continuent leur lutte quelques semaines, ils obtiendront satisfaction… Quelle est sa légitimité pour prononcer une telle affirmation ?
Par ailleurs, se poser en défenseur de l’école publique après avoir fermé deux écoles (Fabié et Paul Girard) dans le précédent mandat, est-ce bien cohérent ? Il faut rappeler que l’école Paul Girard constituait un vivier important de recrutement pour l’école Cardaillac. Diminuer le nombre d’écoles publiques pénalise la prise en charge dans les autres en les surchargeant et favorise un report des élèves vers l’enseignement privé, il doit le savoir.
La municipalité se félicite en cette rentrée du choix d’absence de carte scolaire. Elle affiche également la volonté de créer des dispositifs spécifiques dans chaque école, avec le risque de créer une attractivité différente pour chacune. Alors que certaines écoles proposent un bilinguisme, l’école Cardaillac en particulier ne présente aucune spécificité… Absence de carte scolaire et différences entre les écoles peuvent contribuer au déséquilibre des effectifs et nuire à leur stabilité dans le temps. Est-ce bien cohérent ?
Le Collectif Citoyen du Ruthénois
