Un accès digne pour toutes et tous à une alimentation locale de qualité

Des pistes :

  • des épiceries solidaires ouvertes à tous
  • la sécurité sociale de l’alimentation

Dans le cadre du Festival des Solidarités, six associations aveyronnaises (CCFD-Terre solidaire, la Ligue des Droits de l’Homme, Artisans du Monde, le Mouvement pour une Alternative Nonviolente, ATTAC et le Secours Catholique) ont, cette année, décidé de mettre l’accent sur l’accès digne pour toutes et tous à une alimentation locale de qualité à partir de la projection du film documentaire « la part des autres ». Ce film a été projeté le 24 novembre au cinéma de Rodez et a été suivi de témoignages et d’un débat. 

Le documentaire « la part des autres »

Ce documentaire pose un regard sur l’aide alimentaire, qui avait, au départ, vocation à faire face à des situations d’urgence, éviter qu’une partie de la population ne meure de faim.

Mais cette aide alimentaire s’est peu à peu installée et institutionnalisée. Elle fait aujourd’hui partie du paysage. Elle a même connu récemment un nouvel élan avec la crise du Covid, et inflation, près d’une personne sur dix a recours à l’aide alimentaire aujourd’hui.

Le film montre aussi les aspects négatifs de l’aide alimentaire, avec un ressenti d’ humiliation pour les bénéficiaires.

Il ouvre quelques pistes concrètes pour des solutions structurelles, durables, à l’insécurité alimentaire.

Enfin, il nous invite à discuter collectivement de nos choix d’alimentation pour reconsidérer les filières alimentaires : c’est un des objectifs du projet de sécurité sociale de l’alimentation .

Le film montre, à travers des témoignages de paysans, que le système agro-industriel que nous connaissons ne tombe pas du ciel, c’est le produit des politiques publiques agricoles menées depuis les années 60, avec la PAC notamment, qui se sont traduites par la surproduction d’aliments standardisés et de qualité discutable, de moins en moins de paysans, souvent appauvris, et un lien qui s’est désagrégé entre paysannerie et consommateurs des villes.

Les témoignages

La projection a été suivie du témoignage d’un agriculteur qui a mis l’accent sur l’appauvrissement d’une partie des producteurs, la dépendance aux grandes surfaces et surtout une politique agricole incohérente éloignée tant des besoins des agriculteurs que des besoins des consommateurs quand la pauvreté augmente.

Un chiffre à retenir : pour les maladies liées à une mauvaise alimentation, les catégories populaires sont malades 40% fois plus que la moyenne. L’association solidarité paysanne a ensuite évoqué les paysans en détresse (cela peut parfois aller jusqu’au suicide) qui ont besoin d’un changement structurel rapide.

Une expérience innovante : l’épicerie solidaire “La Marguerite” à Riom-és-Montagne, des petits prix, du lien social et des circuits-courts.

Un témoignage fort, des quatre membres de l’épicerie solidaire, la Marguerite créée par le Secours catholique au centre ville de Riom-és-Montagne pour une aide alimentaire respectueuse de chacun. L’épicerie est ouverte à toute la population, en payant de manière différenciée selon ses moyens définis lors de l’adhésion. Tout se passe en toute discrétion puisque c’est la caissière qui gère les tarifs à appliquer pour chacun.

Des contrats avec des maraîchers et fournisseurs locaux garantissent des produits de qualité et respectent l’environnement. Au-delà de l’intérêt économique, le lieu a été pensé pour créer du lien social à travers des ateliers et la participation d’associations.

A noter : L’épicerie sociale redistribue les invendus, les surplus des commerces ainsi que les dons des particuliers.  Ce travail, utile et reconnu, peut toutefois être frustrant pour les bénévoles et les bénéficiaires. Le concept d’épicerie solidaire, décrit ci-dessous, vise à mieux préserver la dignité des usagers, par l’ouverture à toutes et tous, et la vente de produits de qualité.

Un nouveau concept : la Sécurité Sociale de l’alimentation sur le modèle de la sécurité sociale santé

Comment ça marche ?

UNE CARTE
Chaque personne (adulte , enfant) reçoit une carte d’alimentation créditée de 150€ par mois pour l’achat de produits conventionnés.

UN CONVENTIONNEMENT
Les caisses peuvent conventionner avec :
• des magasins, des AMAP
• des restaurants, des cantines
• des producteurs
• certains produits d’un peoducteur
• des services de portage à domicile

DES CAISSES
Il y a une caisse par bassin de vie.
Des citoyens et de citoyennes sont tirés au sort pour définir les critères de conventionnement que les caisses vont mettre en oeuvre, en adaptant les systèmes de production nécessaires à ces objectifs afin d’organiser la transition agroécologique.

DES COTISATIONS
Chacun, chacune cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Les personnes sans revenu ne cotisent pas mais ont une carte comme tout le
monde. Les cotisations sont prélevées directement sur la valeur ajoutée des entreprises et sur les salaires bruts.

La bande dessinée « Encore des patates » résume parfaitement les effets pervers de l’aide alimentaire telle qu’elle est conduite actuellement et explique le cheminement qui mène à cette idée pionnière de Sécurité Sociale de l’Alimentation.
Vous pouvez la lire en ligne et la partager : BD-SSA-Encore des patates
Pour en savoir plus : https://securite-sociale-alimentation.org/

Aujourd’hui de nombreuses initiatives et groupes de réflexion se créent localement pour s’emparer de ce sujet autour de la conviction que  « la transformation du monde agricole vers un modèle de production respectant les travailleurs, les mangeurs et l’environnement ne pourra se faire qu’en respectant le droit à l’alimentation de toutes et tous. » (Encore des patates !? , page2 )

La soirée du 24 novembre a ouvert des perspectives de réflexion pour ces associations et ces communes qui sont acteurs du système d’alimentation et s’efforcent de le rendre plus démocratique, juste, respectueux et créateur de lien social.

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